Quiconque naît à Bayonne chante de bonne heure, en gascon, basque, espagnol ou latin. Après une modeste pratique du piano, Françoise Richard fait à Bordeaux et Metz de belles études littéraires qui se concluent par une agrégation de Lettres modernes et même une licence d’anglais.
Mais après rencontre, en Lorraine, de l’œuvre de Bach et du chant choral, c’est l’amour fou pour la musique ancienne. Sans cesser d’enseigner la littérature et le latin, notre Bayonnaise se met au clavecin et au chant baroque lors de très nombreux stages et d’un vrai cursus au Conservatoire de Toulouse, couronné par un Prix de chant (en 1989) et un solide bagage en clavecin, basse continue, ornementation, histoire et stylistique.
Mais sans attendre les diplômes, Françoise Richard a déjà fondé Orfeo qui illustre dès 1987 une idée très originale du chant choral : un petit groupe quand régnaient les grosses chorales, un travail individuel des voix pour aborder peu à peu le solo, un répertoire bien ciblé chanté avec le style adapté, un gros travail sur la diction et l’expression.
Orfeo a été accompagné dès le début d’instrumentistes spécialistes du baroque, même s’ils étaient encore rares et si les conservatoires leur faisaient grise mine. Ces musiciens ont souvent carte blanche pour interpréter des pièces de leur choix, assorties au thème bien défini du concert.
Quant au répertoire, déjà très vaste il y a 30 ans, il ne cesse de s’enrichir. Les chercheurs déterrent, recopient, éditent des volumes de musique oubliée, à présent disponible sur internet. Bien sûr, le chef, comme les maîtres de chapelle de l’ère baroque, doit maîtriser l’art de transcrire, transposer, chiffrer les accords, corriger les erreurs de l’édition, et parfois composer le petit bout qui manque…
Et après tant d’années de pratique et de connaissances accumulées, Françoise Richard, après avoir enseigné le chant et donné des cours d’été, suit encore des académies en basse continue, par exemple celle de La Réole en 2020 : le baroque est un mouvement perpétuel !